"Cachez de ce mouchoir ce sein que je ne saurais voir" dit le Tartuffe. Peut-on sans se brûler les yeux regarder une femme nue?
Peut-on sans se damner recueillir sur le papier la fulgurance de la vérité quand elle sort du puits?
Peut-on sans se couvrir d'opprobre se déshabiller devant un inconnu, fut-il photographe?
Peut-il, genou à terre -pour les besoins de la photographie- sacrifier au culte de la beauté sans se mettre au ban de la société?
Peut-il -ce faisant- tenir serré au plus près la laisse du prédateur tapi en lui comme en chacun de nous?
"Mon corps m'appartient" disent-elles, "j'ose aimer qu'il me regarde et y lire qu'il me trouve belle".
Nous naissons nus.
"Le cul est innocent, c'est la tête qui est coupable" disait Romain Gary.
Chez mes parents il n'y avait qu'un seul livre d'images, il s'appellait "Les camps de la mort". Puissé-je jusqu'à mon dernier regard, garder entre l'horreur et moi la révélation de leur beauté offerte à mes yeux incrédules...Comment de cette illusion salvatrice les remercierai-je jamais assez?