Février, c’est la saison la plus chaude, vous êtes en nage au moindre mouvement. A trente cinq degré à l’aube, l’air semble presque frais, mais si votre hôtel à une climatisation, réglée à trente, vous entrez dans un frigo et vous sortez dans un four. Sur les pierres chauffées à blanc des temples d’Angkor, dès le zénith la température monte à quarante cinq ou cinquante, si vous n’y prenez garde c’est le malaise assuré.
Dans l’air brûlant saturé d’humidité malgré la saison sèche, les bactéries dansent la sarabande, tout s’infecte à toute vitesse. Pasteur n’est pas encore passé par ici, et l’eau purifiée ne sert que pour boire.
Dans le meilleur des cas les pains de glace de nos grand-mères tiennent lieu de chaîne du froid, à l’étal des marchés populaires les poissons et les viandes sont en plein air dans la chaleur étouffante. Vous qui venez d’un monde aseptisé, il va falloir créer vos défenses immunitaires, c'est-à-dire attraper tout ce qui passe, être malade et s’en sortir, tout un programme.
Ces formalités accomplies, l’un des plus beaux sites au monde vous attend. Quand tombe la nuit, assourdis par le cri des aras, les stridulences des cigales cambodgiennes et les bruits de la jungle qui vous cerne, devant tant de beauté au milieu de tant de sauvagerie, l'émotion vous submerge. Vous êtes l'explorateur qui a vu surgir de la jungle la ville endormie. Il y a peu de temps encore, Angkor était truffée de mines antipersonnel disséminées par les Kmers rouges, ce fut leur dernier réduit.